« On m’a toujours dit que j’étais fou. Avant je parlais avec Dieu, mais il ne me répondait pas. Et puis tout à coup, t’entends des voix mais t’entends aussi les voix des gens autour de toi, t’entends les pensées des gens, et tu sais plus si c’est des voix, tu sais plus si c’est ton imagination, tu sais plus ! »
Pierrot était dit « normal », il se promenait comme nous sur le fil entre folie et normalité, puis il est tombé, il est tombé du fil…Derrière son bar, il nous raconte, les voix, les pensées qu’il entend, sa mère-dieu, les anges, l’hôpital, l’isolement, les rêves…Dans le bar, des clients occasionnels ou habitués, des serveurs, se croisent, se parlent, échangent autour de la folie, de la vie, des relations, leurs dialogues viennent faire écho au monologue de Pierrot…parce que si on est là, c’est qu’on peut en parler!
Une traversée
L’Homme d’onze heure moins le quart est une traversée poétique et décalée dans les méandres de la pensée. C’est l’histoire d’un homme aux prises avec ses voix. Un homme à la frontière. Entre raison et vertige. Entre bar et hôpital. Entre ce qui relie et ce qui isole. Pierrot interroge le monde avec ce qu’il a : ses hallucinations, ses colères, son humour, et une rage douce. Il décrit ce qu’il a traversé. Ce qu’il a vu, entendu, perdu, combattu. Et à travers lui, ce sont nos propres certitudes qui vacillent. Qu’est-ce qu’être normal ? À quoi tient une chute ? Comment revient-on? Et comment est le monde quand on tombe du fil ?
La pièce se passe dans un bar. Un endroit suspendu. Les gens y vont et viennent : serveurs, clients, passants. Chacun avec ses mots et ses silences. Une série de figures humaines, tendres, drôles ou à vif, qui traversent l’espace comme les états de Pierrot. Et qui parlent de nous.
L’origine
La pièce est née en 2013, de la rencontre entre Pierre Renaux, qui a partagé son histoire et écrit les textes, et Sophie Muselle, qui les a mis en forme pour en faire un spectacle, dont elle a assuré la dramaturgie et la mise en scène. Contrairement aux créations suivantes de L’Appétit des Indigestes (créées à partir des textes des comédien·ne·s), L’Homme d’onze heure moins le quart est donc un travail à deux mains. Il a ensuite été porté par 12 comédien·ne·s.
Jouée pour la première fois en 2015, la pièce a ensuite été jouée à plusieurs reprises entre 2016 et 2019. Chaque représentation a été une rencontre. Avec des publics divers. Dans des lieux parfois inattendus.
Pourquoi la reprendre aujourd’hui ?
Parce que la question de la folie, de la place qu’on lui donne, des réponses qu’on lui oppose, reste brûlante. Parce que ce texte nous parle encore – peut-être même plus fort qu’avant.
Notre troupe a grandi. Nous sommes désormais 27 comédien·ne·s. Beaucoup n’étaient pas là lors de la création. Plusieurs ont voulu redonner vie à cette pièce fondatrice. La revisiter. La transmettre. Sans la trahir.
C’est la première fois que nous reprenons un de nos spectacles. Et cette première reprise, on la veut fidèle et neuve. Respectueuse de ce qu’elle a été, habitée par ce que nous sommes devenus.
Fiche technique